Posséder un emploi et posséder une entreprise, en quoi est-ce différent ?
On entend souvent dire : « Je vais monter ma propre affaire. » Cette affirmation est courante de nos jours, surtout avec la montée en puissance de la gig economy.
Vous ne connaissez peut-être pas cette expression. Elle fait référence à la multiplication de petits boulots comme travailler pour Uber, être rédacteur ou designer freelance et proposer ses services à diverses sociétés, ou livrer de la nourriture pour une entreprise comme Deliveroo.
De façon générale, la gig economy implique un élément clé : les personnes sont définies « comme travaillant pour elles et proposant un service ou une main-d’œuvre en tant que freelances, entrepreneurs indépendants, travailleurs à la demande ou temporaires ». Elle ne comprend pas « les personnes qui louent des biens, par exemple les utilisateurs de la plateforme Airbnb, ou les personnes qui vendent des biens, comme les utilisateurs de la plateforme Etsy ».
La gig economy vous tente ?
On me demande souvent si la gig economy convient à la plupart des gens. Comme toujours, la réponse est : « Ça dépend. »
Cela dépend de ce que vous essayez d’accomplir. Si vous voulez avoir de l’argent de côté pour investir tout en travaillant à temps plein, la gig economy pourrait être une bonne opportunité. Mais si vous voulez devenir chef d’entreprise, ce n’est probablement pas le cas.
En réalité, ceux qui font partie de la gig economy ne possèdent pas d’entreprise, ils ne font que posséder un emploi. Et dans bien des cas, il y a bien moins d’avantages que lorsqu’on travaille à temps plein.
Selon un rapport publié récemment par Prudential Financial Inc. :
- 7% seulement des personnes qui travaillent exclusivement au sein de la gig economy, celles que l’on appelle les « travailleurs 100% gig », ont souscrit une assurance-invalidité de longue durée. Contre 21% chez les travailleurs qui ont un emploi à temps plein ou à temps partiel doublé d’un petit boulot, ceux que l’on appelle les « travailleurs gig hybrides » ;
- seulement 20% des travailleurs 100% gig et 37% des gig hybrides ont une assurance-vie ;
- en outre, 16% des travailleurs 100% gig et 25% des gig hybrides possèdent des actifs dans un régime de retraite d’entreprise, contre 52% de ceux qui occupent un emploi traditionnel à temps plein.
De plus, ceux qui ne travaillent que dans la gig economy perçoivent un revenu de 36 500 $ par an, contre 62 700 $ pour les employés à temps plein.
Le seul avantage de la gig economy est que vous maîtrisez votre emploi du temps… sauf que vous devez tellement travailler que vous n’en profitez pas.
Passer du statut d’Employé à celui de Travailleur indépendant
Bon nombre d’entre nous ont tendance à croire que la voie de la sécurité financière et du bonheur consiste à travailler pour soi. Je comprends donc parfaitement ce qui motive les personnes qui souhaitent faire partie de la gig economy. Mais cela n’en a que la couleur.
Dans la plupart des cas, il s’agit simplement de passer du statut d’Employé à celui de Travailleur indépendant, passer de la case E à la case S, le côté gauche du Quadrant du CASHFLOW.
Dans la catégorie S, vous ne faites pas vraiment ce que vous voulez. Il s’agit plutôt de vendre votre temps et vos services pour soutenir une personne qui possède sa propre affaire. Pire encore, comme le souligne le rapport Prudential, c’est très risqué. Vous ne profitez pas des avantages traditionnels dont bénéficient au moins les employés, et lorsqu’il s’agit de réduire les coûts, les premiers à en faire les frais sont les entrepreneurs.
Travailleur indépendant (S) vs. Propriétaire d’entreprise (B)
Les entreprises de type S et les entreprises de type B ont des forces et des faiblesses différentes, elles comportent chacune des risques et des avantages.
Bon nombre de ceux qui veulent démarrer une entreprise de type B se retrouvent avec une entreprise de type S et s’enlisent dans leur soif de passer du côté droit du Quadrant du CASHFLOW – B pour les Propriétaires d’entreprises et I pour les Investisseurs.
De nombreuses personnes tentent de passer du S au B, mais seules quelques-unes d’entre elles y parviennent. Pourquoi ? Parce que les compétences techniques et humaines requises pour réussir dans chaque catégorie sont différentes. Vous devez maîtriser les compétences et adopter l’état d’esprit requis par tel ou tel ensemble si vous voulez réussir.
Si vous êtes propriétaire d’entreprise (B), il est possible de partir en vacances pendant un an, de revenir et de découvrir que votre entreprise est plus rentable que lorsque vous l’avez quittée. Dans un schéma de type S, si vous prenez des vacances pendant un an, vous n’aurez plus d’entreprise à votre retour.
Encore une fois, en termes simples, dans une entreprise de type S, vous possédez un emploi. Une entreprise de type B possède un système et embauche des employés compétents pour l’exploiter. C’est pourquoi, lorsqu’un propriétaire d’une entreprise de type B est en vacances, les revenus continuent d’affluer.
Pour réussir, le propriétaire d’entreprise doit :
- posséder et contrôler un système ;
- et être capable de manager.
Pour passer du S au B, il faut transformer ce que l’individu est et connaît en un système ; de nombreuses personnes n’en sont pas capables, surtout dans la gig economy. Il est très difficile par exemple de passer du statut de conducteur Uber à celui qui propose son propre service de conduite et qui emploie d’autres chauffeurs. Uber a dépensé des milliards de dollars pour construire les systèmes et les structures nécessaires à l’expansion d’une telle entreprise.
Êtes-vous capable de faire un meilleur hamburger que McDonald’s ?
Pour illustrer mon propos, je vais partager une technique que j’utilise pour déterminer si une personne est un S ou un B lorsqu’elle me demande conseil pour démarrer une entreprise.
Généralement, ces personnes me disent qu’elles ont une excellente suggestion pour un nouveau produit ou une nouvelle idée. Habituellement, je les écoute pendant une dizaine de minutes avant d’être en mesure de dire sur quoi elles se concentrent – un produit ou un système. Pendant ces 10 minutes, j’entends souvent la même chose :
- « C’est un bien meilleur produit que celui de XYZ. »
- « J’ai cherché partout, et personne ne propose ce produit. »
- « Je vais vous souffler l’idée de ce produit ; tout ce que je veux, c’est 25% des bénéfices. »
- « Je travaille sur ce produit depuis des années. »
À ce stade, je ne pose qu’une question : « Êtes-vous personnellement capable de concocter un meilleur hamburger que McDonald’s ? »
Jusqu’à présent, je n’ai eu que des réponses positives. Les gens sont tous capables de préparer un meilleur hamburger.
Ensuite, je pose la question suivante, « Êtes-vous personnellement capable de bâtir une meilleure entreprise que McDonald’s ? »
Le burger et l’entreprise
Certaines personnes perçoivent immédiatement la différence… et d’autres non.
La différence consiste à savoir si une personne est bloquée du côté gauche du Quadrant, du côté E et S – c’est-à-dire le côté qui est axé sur l’idée d’un meilleur hamburger – ou du côté droit du Quadrant, du côté B et I, c’est-à-dire le côté qui est axé sur le système de l’entreprise.
Je fais de mon mieux pour expliquer que bon nombre d’entrepreneurs offrent un meilleur produit ou service, tout comme des milliards de personnes peuvent faire un meilleur burger que McDonald’s – mais seul McDonald’s a créé un système qui a servi des milliards de personnes.
Lorsque les gens entrevoient cette vérité, je leur suggère de se rendre dans un McDonald’s, d’acheter un hamburger, de s’asseoir et d’observer le système qui distribue ce burger. Il s’agit des camions qui livrent la viande de boeuf, de l’éleveur qui a élevé le boeuf, du consommateur qui a acheté le burger et des publicités télévisées qui le proposent. Envisagez la formation et les employés. Observez le décor, les bureaux régionaux et l’ensemble de la société. Lorsque l’on est en mesure d’appréhender la situation dans son intégralité, on a une chance de passer du côté B-I du Quadrant du CASHFLOW.
De quel côté du Quadrant du CASHFLOW voulez-vous être ?
La réalité, c’est que le nombre de nouvelles idées est illimité, que des milliards de personnes ont des produits et des services à offrir, mais que seules quelques personnes savent comment bâtir un excellent système commercial.
Si votre véritable but dans la vie est de créer vos propres activités et de posséder une entreprise prospère, je vous encourage à vous retirer de la gig economy et à commencer à investir dans la construction d’un système – peut-être même un système qui proposera des petits boulots aux autres.
En fin de compte, la question est toujours la même : de quel côté du Quadrant du CASHFLOW voulez-vous être ?