Les gros titres des médias financiers ont bien souvent un énorme train de retard. Si vous voulez investir au bon moment, il est essentiel d’avoir une longueur d’avance sur les analystes et les journalistes boursiers.
Je suis fan du magazine Barron’s ; cela fait des années que j’y suis fidèle. Mais l’une des raisons principales pour lesquelles je le lis, c’est pour me rappeler de ce qu’il ne faut pas faire.
La communauté financière, les analystes et les journalistes – en particulier – ont toujours un train de retard.
En dépit de décennies de formation et d’expérience, ce groupe de gens bardés de diplômes continue de répéter les mêmes erreurs d’investissement, encore et encore.
Je parie que vous voyez déjà où je veux en venir…
Les investissements réussis ne se font pas en réagissant à l’actualité.
Si vous voulez gagner de l’argent sur les marchés et surveiller les tendances intéressantes, vous devez être en avance sur le marché, en avance sur la pensée de groupe… et en avance sur ce qu’écrivent les distingués journalistes de Barron’s.
Prenons un article paru récemment, en exemple…
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« Dix façons de profiter des pénuries de tout ou presque«
Barron’s ouvre une discussion intéressante sur la manière dont nous nous sommes retrouvés dans une situation où la demande dépasse l’offre.
L’auteur souligne le vortex polaire de février dernier : il a contraint des usines pétrochimiques du Texas à fermer, paralysant ainsi les entreprises qui fabriquent la résine de choix pour la fabrication de panneaux en fibres de bois compressées – le genre de matière que les constructeurs utilisent pour le revêtement des maisons.
Ils parlent également de l’ouragan Laura, la tempête qui a mis à bas une usine de Louisiane produisant du chlore.
Vous savez que les gens ont du mal à trouver du chlore pour leurs piscines ?
Ils mentionnent même l’envolée de la demande de papier à lettres et de vélos, la ruée sur la nourriture pour chiens et le marché haussier sur les hot-dogs.
Et bien sûr, vous avez entendu parler de la pénurie de bois. Comme le dit Barron’s :
Au début de la pandémie, les cours à bois ont stoppé toute commande aux scieries : quelle personne saine d’esprit voudrait construire pendant une pandémie ? Beaucoup de monde, apparemment… et les scieries ont du mal à rattraper le retard.
La conclusion à tirer de tout cela est la suivante…
Je pense que les pénuries dont on parle tant ces derniers temps, ainsi que les envolées inflationnistes des prix, sont transitoires – mais Barron’s a fait un excellent travail d’identification de celles qui affectent tous les aspects de la vie quotidienne.
Cependant, à mesure que l’offre réduite augmente pour répondre à la demande… que le fret étranger accélère… et que les ports quittent leur fonction de lieux de stockage pour redevenir des ports actifs, entrants-sortants – les perturbations de l’approvisionnement iront en s’allégeant.
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Courir après les gros titres est une épouvantable stratégie d’investissement
Cela fait des années que je vois ça.
Le Wall Street Journal, le Financial Times ou toute autre publication respectable publie un gros titre qui donne à réfléchir et, immédiatement, l’industrie financière se met à alerter ses clients sur le meilleur moyen de capitaliser sur cette « disruption », opportunité ou événement mal compris.
Malheureusement, le marché boursier intègre l’actualité lui aussi.
Tout ce que vous lisez aujourd’hui, aussi choquant que ce soit, est probablement déjà intégré dans les cours.
Jetons un œil aux actions mentionnées dans l’article de Barron’s :
Selon Barron’s, ces actions représentent une excellente stratégie pour jouer les pénuries qui font couler tant d’encre et handicapent les consommateurs aussi bien que les entreprises un peu partout dans le monde.
Mais voilà le problème : un grand nombre, voire la majorité, de ces actions ont déjà radicalement rebondi sur les 10 à 12 derniers mois.
Oshkosh et XPO Logistics, deux entreprises qui se spécialisent dans la construction de machines et les stratégies d’optimisation des chaînes d’approvisionnement, ont vu leur cours exploser à la hausse ces derniers mois.
Oshkosh a repris 180% par rapport à son plancher de mars 2020, en plein COVID. XPO a grimpé de plus de 280% sur la même période.
Continuons de parcourir la liste de valeurs de Barron’s… Caterpillar a grimpé de 175% sur l’année passée environ, tandis que Deer a augmenté de 240% et que Wesco International affiche une hausse de près de 700% !
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : ce sont d’excellentes entreprises. Mais pour investir dans ces actions, il fallait agir il y a 10 à 12 mois, quand la majeure partie de l’industrie financière pensait que l’économie resterait longtemps dans l’ornière.
Malheureusement pour Barron’s et ses fidèles lecteurs, les valorisations de ces actions sont plus proches de leurs sommets que d’un point bas logique et raisonnable pour un investisseur.
En d’autres termes, je réduirais ces positions si j’y étais investi – je ne me lancerais pas dans de nouveaux investissements à long terme.
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En tant qu’investisseur, ne suivez pas la pensée de groupe
Il faut du cran pour investir à contre-courant.
L’approche la plus confortable consiste à écouter les médias financiers et à faire ce que vous pensez que tous les autres font.
Malheureusement, si vous investissez avec le troupeau, vous obtiendrez le même genre de rendement médiocre que lui.
Beaucoup de choses vont changer sur les marchés au cours des prochains six à huit mois.
Si les goulots d’étranglement se desserrent du côté de l’approvisionnement et que l’inflation s’avère transitoire, la Réserve fédérale pourrai maintenir des taux proches ultra-bas, voire à zéro, pendant plus longtemps. Et un taux d’inflation bas a un effet direct et positif sur la valeur des actifs (actions).
C’est le moment de s’intéresser aux actions qui se sont envolées lorsque l’économie est passée au modèle « télétravail ». En effet, si certaines entreprises dépendent des interactions entre personnes, des millions de travailleurs ne reviendront jamais à un bureau traditionnel.
Des entreprises comme Zoom Video Communications, Docusign, Datadog et The Trade Desk (TTD) ont enfin retrouvé des canaux d’achat plus attractifs.
Et de récentes IPO comme Snowflake, Unity Software et C3.AI ont suffisamment corrigé pour mériter que l’on y retourne.
Soyons lucides : les meilleurs investisseurs ne courent pas après les gros titres. Vous ne devriez pas le faire non plus.
La recette pour s’enrichir grâce aux actions, c’est la patience, la capacité à adopter un point de vue flexible et le cran d’acheter quand l’avenir semble morose et incertain.
Lorsque l’industrie financière et les médias parlent d’une affaire « majeure », croyez-moi, le temps d’investir est passé.