Je devais aller aux toilettes si je ne voulais pas salir mon pantalon. Mais j’étais coincé, j’étais en plein milieu d’une réunion.
Et si je tombais par hasard sur mon patron ? Serait-il dans le cabinet de toilette d’à côté ?
Attendrions-nous ensuite de voir qui partirait le premier après avoir fait tous ces bruits embarrassants ?
J’ai quitté la réunion en courant. J’ai descendu les escaliers quatre à quatre. J’ai traversé la rue en courant. La New York Public Library. Trois niveaux plus bas.
Pendant un bref instant, j’étais seul. J’étais libre. J’étais heureux.
J’étais salarié, prisonnier d’un programme de domestication humaine.
[Lire aussi : Dix choses à faire le lendemain de votre licenciement]
Lors de mon premier gros coup au boulot, mon patron m’a demandé : « Tu n’es pas fier de toi ? »
J’ai changé de boulot, et un jour mon patron a hurlé : « Est-ce que vous êtes en train de me dire que vous avez envoyé un produit inachevé au client et que vous avez donc ruiné le travail de tout le monde ici ? »
Boulot suivant, boulot suivant, boulot suivant.
Les patrons ne peuvent pas s’en empêcher. Ils adorent crier. Ils adorent humilier leurs prisonniers.
Je n’étais pas fait pour être entrepreneur. Lors de mes deux premiers essais, j’ai échoué.
Mais je n’ai pas pu m’en empêcher. Je ne voulais vraiment plus me sentir rabaissé face à un patron.
J’avais donc besoin de plus d’argent.
[Lire aussi : Cinq idées reçues sur l’entrepreneuriat]
En prison, on vous prend votre argent.
Vous ne touchez pas réellement l’intégralité de vos revenus. Environ 40% de cette somme sont consacrés aux impôts.
En réalité, c’est beaucoup plus.
VOTRE VRAI SALAIRE correspond à la valeur que vous créez pour votre entreprise.
Et voilà où va votre argent…
1) LES EMPLOYEURS
Un certain pourcentage va à votre patron. Vous savez, lui aussi doit être payé. Selon vous, qui le paie ? C’est vous.
Un certain pourcentage de votre salaire va au patron de quelqu’un, quelle que soit l’importance de la hiérarchie.
La seule valeur que les patrons créent, c’est via la façon dont ils vous dirigent. C’est vous qui créez toute la valeur.
Je le sais pour avoir été patron, pour avoir dirigé une entreprise et pour avoir été employé.
Mon « travail » en tant que patron consistait à m’assurer que les employés créaient autant de valeur que possible pour moi tout en étant payés le moins possible.
2) LES ACTIONNAIRES
Un certain pourcentage de votre « salaire » est versé aux actionnaires de l’entreprise avant même que vous n’en voyiez la couleur.
3) LES FOURNISSEURS
Et un certain pourcentage va aux fournisseurs de l’entreprise.
Tout comme les « prestations » d’assurance que votre entreprise vous offre et dont vous n’aurez probablement jamais besoin (si vous deviez en avoir besoin, alors les prestations seraient plus élevées, c’est ainsi que fonctionne le monde de l’assurance).
4) LES « 80% »
Et un certain pourcentage va aux employés qui ne fournissent pas leur part d’efforts.
C’est TRÈS important.
C’est la règle des 80/20 : 20% des employés fournissent 80% de la valeur.
Si vous êtes dans les 20%, alors l’argent que vous créez aide à payer les 80%.
Adieu l’argent.
5) LE MATÉRIEL
Enfin, vous devez payer votre box, vos fournitures de bureau, l’ordinateur qui se trouve sur votre bureau, votre téléphone, etc.
Si vous n’aviez pas créé d’argent supplémentaire pour payer ces choses, elles n’existeraient pas. Donc ça vient directement de votre salaire.
J’appelle tout ce dont je viens de parler votre salaire « au-dessus de la ligne ».
Essayez de savoir quel est votre salaire « au-dessus de la ligne ».
Votre salaire + votre bureau + vos patrons + votre part des « 80% » + fournisseurs + actionnaires = votre salaire « Au-dessus de la ligne ».
La plupart des entreprises gaspillent beaucoup d’argent et c’est votre salaire qui paie directement pour ce qui est dilapidé.
Ensuite, il y a votre salaire « en dessous de la ligne ». Soustrayez à votre salaire les montants suivants pour voir combien vous gagnez réellement.
A) TAXES GOUVERNEMENTALES
Sur votre salaire, environ 40% vont aux impôts fédéraux et publics.
Vous avez déjà été imposé au niveau de l’entreprise, et après vous êtes imposé au niveau personnel.
On pourrait se dire : « Et si on changeait ça au Congrès ? »
Eh bien, bonne chance !
271 membres du Congrès sont millionnaires. Ils ont réussi à obtenir tout cet argent en étant propriétaires d’entreprises, et non employés.
Si vous percevez un revenu de société régulier, le Congrès ne vous représente pas.
Devinez qui paie le moins d’impôts ? Les entrepreneurs.
Les Américains les plus riches paient moins de 15% en moyenne sur leurs avoirs nets.
C’est parce que les salariés sont les esclaves et possèdent le moins de pouvoir politique.
MAIS, votre part fiscale versée au gouvernement n’est pas votre seule taxe.
B) TAXES SUR LES VENTES
Entre 5 et 8% supplémentaires vont aux taxes sur tout ce que vous consommez. Nous voilà arrivés à quasiment 50%.
C) HYPOTHÈQUE + ENTRETIEN + TAXES FONCIÈRES
Si vous avez contracté un crédit immobilier, c’est peut-être encore 10 à 20% de votre salaire.
Pour votre entreprise, le fait que vous soyez propriétaire de votre maison est une bonne chose parce que vous êtes moins susceptible de démissionner (vous avez besoin d’argent pour rembourser le crédit) et que vous êtes moins susceptible de déménager (vous n’êtes pas mobile).
On a inventé l’expression « le rêve américain » pour vous sédentariser et vous pousser à vous endetter davantage.
Ensuite, il y a les prêts étudiants que vous remboursez. Cela n’était jamais arrivé, mais actuellement plus de 50% des chômeurs ont un diplôme universitaire.
C’est effrayant. Vous avez décroché ce diplôme parce que (en partie) vous pensiez qu’il vous permettrait d’obtenir un emploi.
Mais pour 50% des emplois que les diplômés d’université obtiennent, aucun diplôme universitaire n’est requis.
Et un certain pourcentage de votre salaire est retranché chaque mois pour rembourser ces études.
D) AUTRE
Ensuite, une partie de votre salaire va à la santé ; au maintien de la qualité de vos relations (cela coûte toujours de l’argent – ce n’est pas faire preuve de cynisme, c’est juste la réalité) ; à votre moyen de transport jusqu’à votre lieu de travail (on vous oblige à payer pour avoir l’honneur de vous véhiculer vers votre cellule de prison).
Quelle somme vous revient ?
Vous vous réveillez avant l’aube. Vous vous déplacez. Vous travaillez dur. Vous rentrez tard. Vous vous sentez coincé.
Vous êtes légèrement déprimé et prenez peut-être des médicaments pour cela. Et vous avez du mal à dormir et à digérer.
Ne devriez-vous pas être payé davantage ?
Il vous reste probablement 1/100e de la valeur réelle que vous créez, c’est-à-dire votre salaire réel.
En d’autres termes, vous pourriez gagner entre 10 et 100 fois plus si vous commenciez à refuser cet asservissement.
Quand j’étais employé, on m’a fait croire que j’étais libre. Que je pouvais « m’éclipser » à 16 h. Que je pouvais m’accorder beaucoup de pauses. Qu’il y avait de longues vacances.
Mais… avez-vous regardé le manuel ?
Il existe un épais manuel. C’est comme une bible. On l’appelle « le manuel de l’employé ».
C’est le manuel que vous recevez dans votre nouveau programme de domestication humaine.
Voici certaines des choses que l’on trouve dans ce manuel du bon employé.
- Il y a des manières pour parler à votre patron : parce qu’il a juste à dire « vous êtes viré » et tout disparaît.
- On ne peut pas être habillé comme on le veut : dans la plupart des situations professionnelles, l’uniforme existe – qu’il soit explicite ou implicite.
- On ne peut pas avoir les amis que l’on veut : la plupart du temps, vos amis sont les gens avec qui vous passez votre journée – les autres esclaves.
Quand votre maître les vendra à un autre programme de domestication humaine, resterez-vous en contact ? Assisterez à l’enterrement de votre compagnon de cellule ?
- On ne peut pas être créatif quand vous êtes inspiré.
« Tout ce que vous faites en utilisant l’équipement appartenant à l’entreprise est la propriété intellectuelle de l’entreprise. » Bonne chance pour discuter face à ça.
- On ne peut pas avoir une histoire d’amour au bureau.
D’abord, vous pourriez vous faire virer. Et les RH peuvent lire tous vos e-mails.
Lorsque je travaillais pour HBO, mon ami le plus proche a été congédié quand son histoire d’amour avec une fille du boulot a mal tourné et que tous ses e-mails ont été lus par son patron.
- Il n’y a pas d’intimité.
Je connais au moins dix personnes qui ont été congédiées parce que leur patron a décidé de lire leurs e-mails professionnels.
- Si vous voulez plus d’argent, vous devez mendier.
Des séminaires entiers ont été créés juste pour apprendre aux gens comment demander une augmentation de 5%. Les gens sont terrifiés à l’idée de demander.
[Lire aussi : Quelles sont les pires erreurs que vous puissiez faire lors d’une négociation salariale ?]
Et lorsque vous rentrez chez vous pour profiter de vraies interactions sociales, vous êtes fatigué, amer et en colère.
Je sais qu’il y a là un peu de projection. C’est ce que j’ai vécu en tant qu’employé.
Cela me rendait malade de savoir qu’un autre être humain pouvait me crier dessus devant les autres et que je ne pouvais faire qu’une chose : baisser les yeux.
Cela me rendait malade de savoir que plus de 90% de la valeur que j’avais créée m’était retirée.
Et j’étais constamment malade.
L’argent ne résoudra pas tous vos problèmes, mais il résoudra vos problèmes d’argent. Ne les laissez pas prendre votre argent pour qu’ils puissent vous garder en esclavage.
Vous voulez profiter de votre temps. Être propriétaire de votre travail. Posséder la valeur que vous créez pour les autres.
Vous protéger pour que personne ne puisse vous virer. Ne pas appartenir à la banque ou au gouvernement. Ne pas appartenir à vos relations. Posséder vos propres pensées.
La vraie liberté.
Selon le fisc, le millionnaire moyen possède au moins cinq sources de revenus différentes.
Vous pourriez me dire : « Je ne peux pas démissionner comme ça ! »
Je suis d’accord avec cette affirmation. Ne démissionnez pas.
Devenez explorateur. Nous vivons dans une économie de 15 000 milliards de dollars. Vous avez contribué à sa création.
Mais 90% de ce que vous créez vous est pris.
Commencez à examiner ce que vous pouvez reprendre. Travailler tous les jours sur des idées. Je vous promets que vous pouvez reprendre une partie de cette liberté.
Énumérez tout ce qui vous a intéressé depuis votre enfance.
Dressez la liste de toutes les entreprises ou de tous les emplois qui peuvent être créés à partir de ces centres d’intérêt. Lisez tous les jours des articles ou autres correspondant à vos centres d’intérêt.
Tissez des liens avec des gens que vous n’avez peut-être pas vus depuis des années. Établissez des relations avec leurs amis.
Ne vous mettez pas en colère contre vos collègues de travail, même contre votre patron. Tout comme vous, ils sont esclaves.
Ne gâchez pas vos pensées libres pour les autres esclaves, ceux qui ont des chaînes Rolex.
Examinez la vie de ceux qui ne sont pas esclaves. Ceux qui ne sont pas en prison.
Qu’est-ce qu’ils ont fait ? Énumérez ce qu’ils ont fait. Pouvez-vous faire de même ?
Continuez à travailler sur le renforcement de votre muscle à idées et construisez une Machine à idées : couchez sur le papier 10 idées par jour quoi qu’il arrive, peu importe si elles sont mauvaises.
Je l’ai fait. Et en six mois, ma vie a complètement changé.
Parfois pour pire. Bien pire. Je ne savais pas ce que je faisais et parfois je me retrouvais à terre, déprimé et suicidaire.
Parfois, la liberté fait très peur. Elle se trouve à l’extérieur de la cellule (la zone de confort que vous avez créée pour vous-même).
Cela fait six mois et ma vie a complètement changé. Ma vie est complètement différente de ce qu’elle était il y a six mois.
Il y a 24 ans, un patron m’a crié dessus. Il m’a humilié. J’ai pleuré.
Je suis donc allé à la bibliothèque à l’angle de la 41e Rue et de la 5e Avenue. J’ai trouvé un livre de science-fiction que j’avais lu quand j’étais enfant.
Il était enveloppé de cellophane et contenait une carte de bibliothèque. Et il y avait cette odeur si particulière quand on tournait les pages.
Je suis descendu de trois ou quatre niveaux, dans mon cabinet de toilette privé à la bibliothèque. Mon sanctuaire.
Je me suis assis et j’ai lu l’histoire d’un homme qui a vécu éternellement heureux. Pendant un bref instant, je n’étais plus un esclave, le monde avait disparu.
C’est à ce moment que j’ai orchestré mon évasion.
Et depuis, chaque jour je trouve de nouvelles façons de m’échapper, d’être libre. De nouvelles façons de posséder mon propre monde.