Si vous vous intéressez un tant soit peu à l’univers des crypto-monnaies, vous avez entendu (ou entendrez) ce mot sur toutes les lèvres : décentralisation.
Contrairement à la croyance populaire, le débat sur la décentralisation dans le secteur des télécommunications et de l’informatique ne date pas d’hier.
Les fondations de la quasi-totalité des innovations qui ont lieu dans l’univers des crypto-monnaies ont été posées il y a plusieurs décennies de cela.
Comprendre ce simple fait peut vous aider à séparer le bon grain de l’ivraie. Cela montre qu’alors même que l’univers des crypto-monnaies semble évoluer à la vitesse de la lumière, il n’en est rien et que tout (ou presque) n’est que poudre aux yeux.
Dans notre Bible des Cryptos, nous parlons des origines théoriques du mouvement cypherpunk. Il s’agit d’un mouvement important et révélateur, mais les origines historiques des crypto-monnaies remontent à bien plus loin.
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Les racines de la décentralisation
En 1964, l’ingénieur américano-polonais Paul Baran a été le premier à vanter les mérites de la décentralisation dans un article intitulé On Distributed Communications.
À l’époque, Baran travaillait pour la RAND Corporation, un groupe de réflexion militaire œuvrant à la mise au point de télécommunications pour des scénarios d’attaques post-nucléaires.
Au plus fort de la Guerre froide, alors que les tensions étaient au plus haut, Baran a critiqué les protocoles de communication militaire qui prévalaient. Il a déclaré qu’ils étaient trop vulnérables et plaidait pour une transition vers une structure plus décentralisée.
Cette image iconique – qui parlera à tous ceux qui travaillent dans l’univers des crypto-monnaies – est la première expression visuelle des architectures informatiques centralisées, décentralisées et distribuées.
Quand bien même sa proposition était considérée comme irréaliste, elle a posé les bases d’Internet et des crypto-monnaies.
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De l’importance de la confidentialité
Par ailleurs, Baran militait farouchement en faveur du respect de la vie privée :
« La protection de la vie privée n’est pas un combat consistant à sauvegarder une coutume bizarre. Il s’agit d’une nécessité pour préserver la société sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. »
En mai 1968, il publie un article intitulé On the Engineer’s Responsibility in Protecting Privacy.
Cet article montre que le débat sur la vie privée n’a quasiment pas évolué depuis les années 1960.
Voici ce que déclare alors Baran :
« Nous sommes nombreux à ne pas ressentir le besoin de confidentialité.
La suite de son propos prouve qu’il avait un temps d’avance sur son époque : Baran explique que les ingénieurs informaticiens ont l’occasion et la responsabilité d’intégrer la confidentialité dans tous les systèmes de communication numériques.
Il écrit :
« Les ingénieurs informaticiens ont une opportunité formidable d’exercer une nouvelle forme de responsabilité sociale. Il ne faut pas redouter l’avènement des technologies informatiques de communication à l’approche de 1984. Nous avons en notre pouvoir une force qui, si correctement maîtrisée, peut améliorer, et non pas saper, notre droit au respect de la vie privée. »
Il poursuit : « Cela peut sembler être un paradoxe mais toute société ouverte doit garantir à un droit au respect de la vie privée à ses membres et il nous incombera en grande partie de préserver ce droit. »
Le respect de la vie privée ne semble pas être une priorité pour l’univers des crypto-monnaies, mais nous pensons que cela changera avec l’essor de la finance décentralisée.
Radicalement.
Les blockchains sont totalement transparentes par nature.
Nous pensons que tôt ou tard, les utilisateurs demanderont une plus grande confidentialité.