On entend souvent dire que les riches sont cupides. À cela je réponds : à quel genre de riches faites-vous allusion ?
La plupart des entrepreneurs dans mes relations sont aussi parmi les personnes les plus généreuses que je connaisse. Non seulement ils donnent une très grande partie de leur temps et de leur argent, mais ils ont également créé des entreprises et des produits formidables, qui améliorent la vie de ceux qui les entourent. Certains vont même bien au-delà de ce qui est nécessaire, comme ce PDG de Seattle qui a diminué son propre salaire pour offrir à ses employés 70 000 $ par an.
Sa générosité a radicalement transformé la vie de ses employés :
« Les familles des employés se sont agrandies : on comptait auparavant entre zéro et un enfant par an parmi les employés, on est ensuite passé de six à sept par an ; et plus de 10% des employés sont devenus primo-acquéreurs. Plus de 70% des employés criblés de dettes ont été en mesure d’en rembourser une partie et les souscriptions à un plan 401(k) ont également plus que doublé. »
La cupidité des employés bien payés
Il existe également un autre type de personne « riche » – l’employé bien payé. Bien qu’il puisse être charitable dans sa vie personnelle, l’employé bien rémunéré peut souvent être très avide dans le cadre professionnel. Il en voudra toujours plus, même si l’entreprise est en mauvaise posture.
L’affaire concernant Roger Goodell, le commissaire de la NFL (National Football League), en est un bon exemple. En 2017, il demandait une augmentation. À l’époque, M. Goodell voulait une prolongation de contrat avec la NFL, il a demandé un salaire de 49,5 millions de dollars par an, l’utilisation à vie d’un jet privé et une assurance-maladie à vie pour sa famille. Il avait gagné environ 30 millions de dollars.
Lors de la négociation du contrat, un propriétaire anonyme de franchise de la NFL a déclaré : « Plusieurs propriétaires dans cette ligue ne gagnent pas 40 millions de dollars par an. Ce que demande Roger est tout simplement aberrant. C’est choquant. C’est indécent. »
Pour ceux qui ne le sauraient pas, jusqu’à tout récemment, la NFL était un organisme à but non lucratif et exempté de l’impôt. Roger Goodell travaille pour l’organisation depuis longtemps ; il a fait son chemin, il a commencé stagiaire et est à présent considéré par beaucoup comme l’homme le plus puissant du monde du sport.
« Je mérite une augmentation (quoi qu’il arrive) »
Au moment où Goodell négociait une augmentation colossale, la ligue était en difficulté. Les cotes étaient en baisse.
Selon les données de Nielsen obtenues par Sporting News, l’audience moyenne des matchs télévisés de la ligue au cours de la cinquième semaine de la saison 2017 avait baissé de 7% par rapport à la même période de la saison 2016. Pire encore, l’audience moyenne des matchs était en baisse de 18% par rapport aux cinq premières semaines de la saison 2015.
L’audimat moyen de la NFL (y compris les matchs du dimanche après-midi, du dimanche soir, du lundi soir et du jeudi soir) avait chuté à 15 156 millions de téléspectateurs au cours de la cinquième semaine de la saison 2017. Soit une baisse de 7,42% par rapport à l’audimat moyen de la même période pour la saison 2016 avec une moyenne de 16 371 téléspectateurs, et une baisse de 18% par rapport à l’audimat moyen de la même période pour la saison 2015 avec une moyenne de 18 438 téléspectateurs.
En outre, les protestations contre l’hymne national, une foule d’autres scandales et les inquiétudes persistantes concernant les blessures à la tête des joueurs ont beaucoup nui à la ligue.
Vous pourrez toujours dire que je suis fou, mais il semble étrange de demander une augmentation de 20 millions de dollars à ce moment-là (au final il a obtenu 40 millions de dollars, soit une augmentation de 10 millions de dollars seulement). Pourtant, c’est ce que Goodell a fait.
C’est cupide.
À bien des égards, il semble que le monde des affaires soit devenu fou, proposant toujours mieux à ces employés cupides et bien payés ; mais par peur de quoi, exactement ?
La tendance est forte, les employés bien rémunérés comme les PDG continuent d’obtenir des augmentations, même lorsque les entreprises qu’ils dirigent ne sont pas performantes.
La rémunération médiane des patrons des entreprises du S&P 500 a atteint 12,4 millions de dollars en 2018, soit une hausse de 6,6% par rapport à 2017. Il s’agit de la rémunération la plus élevée depuis la récession de 2008, selon le Wall Street Journal. Pourtant, le rendement médian de ces entreprises pour les actionnaires a été inférieur à 5,8%, soit le plus mauvais résultat enregistré depuis la crise financière.
Pour 97 PDG, la rémunération de 2018 a été à son apogée, même si le rendement pour les actionnaires se situait dans la moitié inférieure du groupe. Parmi eux, on peut citer l’entreprise spécialisée dans la gestion d’unités de soins, notamment pour la dialyse, DaVita Inc., qui avait doublé la rémunération de Kent Thiry pour la faire passer à 32 millions de dollars alors qu’elle affichait un rendement négatif de 29%. Ou encore Gap Inc., qui avait versé 20,8 millions de dollars à Art Peck pendant la plus grande partie de son mandat de quatre ans et qui affichait un rendement négatif de 21%.
Tout cela nous donne une bonne raison de mettre en évidence trois états d’esprit radicalement différents entre l’employé et l’entrepreneur.
S’approprier (entrepreneur) vs. tirer parti de la propriété (employé)
Une des choses que j’aime chez les entrepreneurs qui réussissent, c’est qu’ils font passer leur entreprise avant toute autre chose. Si l’entreprise est en difficulté ou ne fait pas d’argent, ils ne gagnent rien et c’est à eux qu’incombe la responsabilité de régler les problèmes. Ils doivent en assumer la responsabilité.
Il en est de même tant pour les propriétaires d’entreprises florissantes que pour les propriétaires d’entreprises en difficulté. Lorsqu’il a démarré son entreprise, l’un de mes amis s’est souvent passé de son salaire pour payer son personnel. Il gagnait 6 000 $ par mois à l’époque, quand il pouvait se payer, et il devait nourrir et subvenir aux besoins de ses jeunes enfants. Pourtant, il a sacrifié son confort au profit de ses employés. Aujourd’hui, il a réussi.
En revanche, les employés n’ont pas à faire les mêmes sacrifices que les chefs d’entreprise à cet égard. En fait, bon nombre d’entre eux, comme Roger Goodell, veulent plus d’argent, même lorsque l’entreprise est en difficulté. S’ils n’obtiennent pas leur augmentation, ils vont travailler dans une autre entreprise.
Créer la stabilité (entrepreneur) vs. exiger la stabilité (employé)
Lancer une entreprise peut s’avérer périlleux, comporter beaucoup de risques et être générateur d’instabilité.
Pourtant, les entrepreneurs qui réussissent sont capables de transformer le chaos en une entreprise florissante, qui offre une stabilité à de nombreuses familles de travailleurs. En fait, il arrive souvent que les employés ne sachent pas combien de sacrifices le chef d’entreprise fait pour que leur emploi soit sauvegardé et qu’ils éprouvent une sensation de stabilité.
Les employés craignent beaucoup l’instabilité et exigent de leur employeur qu’il leur garantisse une certaine stabilité. L’une des raisons pour lesquelles les employés en demandent de plus en plus, même lorsque l’entreprise ne va pas bien, est qu’ils pensent que l’argent apporte de la stabilité. Malheureusement ce n’est pas le cas, comme peuvent en témoigner de nombreuses histoires de personnes tombées dans la pauvreté après avoir connu l’opulence.
La réalité, c’est qu’il est très risqué d’être un employé. Vous n’avez aucun contrôle sur quoi que ce soit et vous êtes le plus taxé. Et lorsque les affaires vont mal, vous êtes le premier à être mis à pied – surtout si vous demandez plus d’argent à ce moment-là.
Prendre en compte les résultats (entrepreneur) vs. prendre en compte la persévérance (employé)
Lorsque les choses vont mal, un entrepreneur prospère est le premier à lever la main et à admettre que c’est de sa faute. Et quand il s’agit de récompenser le talent, il se base sur les résultats, et non sur l’effort ou la persévérance.
À l’inverse, les employés pensent que l’effort ou la persévérance devraient être récompensés. C’est pourquoi quelqu’un comme Goodell, qui a passé toute sa vie à travailler pour la NFL, peut se sentir à l’aise lorsqu’il demande une telle somme.
Au bout du compte, la persévérance et l’effort n’ont aucune valeur si vous n’obtenez pas de résultats. Les chefs d’entreprise le comprennent parce que si les résultats ne sont pas au rendez-vous, ils doivent fermer leur entreprise. Ils ne peuvent pas dire à leurs investisseurs qu’ils ont fait des efforts ou arguer du fait qu’ils sont dans les affaires depuis vingt ans.
Quel état d’esprit voulez-vous adopter ?
Au final, ce n’est pas un coup porté aux employés. Beaucoup de gens travaillent pour moi. Ce sont des personnes formidables, mais elles envisagent les choses de façon très différente par rapport à moi. Ce n’est pas grave. En ce qui me concerne, je ne peux pas penser ainsi. Je ne suis pas conçu de cette façon.
Parfois, les gens choisissent une voie, mais en changent plus tard. Au sein de votre entreprise, ils deviennent des employés qui fonctionnent comme des entrepreneurs. Ce sont vos employés les plus précieux – et généralement ceux qui quittent l’entreprise assez rapidement, souvent pour lancer leur propre affaire – comme cela m’est arrivé récemment. Bien qu’il ne soit pas plaisant de perdre un employé formidable, c’est très agréable de le voir devenir un entrepreneur. Son état d’esprit a changé. Ce faisant, il a apporté plus de valeur à mon entreprise, et ensuite à sa propre vie.
Chacun d’entre nous doit à un moment donné décider de la voie à suivre : celle de l’entrepreneur ou celle de l’employé. Laquelle choisirez-vous ?