Ce sont les vacances de printemps ! Alors cette semaine, les enfants sont à la maison et je passe de bons moments avec eux.
La météo s’adoucit, le paysage est splendide. Et puis je vis dans l’État de Géorgie, où se déroulent les Masters de golf. Alors ce week-end, j’ai regardé le golf et passé du temps avec mes frères ; c’est toujours très important, pour nous. C’était très sympa.
Sur le marché financier, cela se passe très bien également : l’indice S&P 500 a atteint jeudi un nouveau plus-haut historique.
Yogi Berra, le joueur de baseball américain, m’a toujours fait rire. Voici, entre autres aphorismes, ce qu’il a dit, un jour : « Personne ne va plus là-bas, il y a trop de monde », ce qui est absurde.
Mais en même temps, on comprend bien ce qu’il voulait dire. Et je pense que c’est approprié, dans ce contexte de marché où il y a beaucoup trop de monde sur certains segments. Et très honnêtement, personne ne devrait y aller en ce moment, car « il y a trop de monde » et c’est trop risqué.
Alors quand on y réfléchit, qu’est-ce que cela veut dire, le fait qu’il y ait trop de monde sur un marché ou un secteur particulier ?
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Le danger de tendances massivement suivies
Sur le marché, certaines tendances deviennent très puissantes car tout le monde finit par investir sur ce segment spécifique. Même mon frère m’appelle régulièrement et me dit : « Eh ! Je viens de me positionner sur le Bitcoin. » Ou bien : « Eh ! Je viens d’investir sur Snowflake. » Ou encore : « Eh ! Je viens juste d’investir sur cette dernière tendance à la mode. »
Et vous connaissez certainement une multitude de gens qui se comportent ainsi. C’est amusant, d’investir dans les actions que le reste du monde adore, et cela peut réellement stimuler de puissantes tendances.
Mais il faut bien être conscient d’une chose : quand il y a trop de monde sur ces tendances – et que tout le monde sait déjà que c’est là qu’il faut investir, que tous les acheteurs ont déjà décidé d’acheter, et qu’ils ont placé leurs capitaux sur ce segment/action/crypto-monnaie spécifiques – force est de constater que la pression acheteuse finit par s’épuiser.
Surtout, lorsque les choses tournent mal, tout le monde se précipite pour s’en sortir. Imaginez une salle de spectacle bondée où quelqu’un crie « au feu » et où tout le monde se précipite vers la sortie en même temps. Ce type d’énormes mouvements sur des segments très populaires peuvent être très dangereux.
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Snowflake, un exemple cuisant de valeurs de croissance surcotées
Mon ophtalmo, l’autre jour, me parlait de Snowflake comme s’il était trader professionnel.
Il ne me demandait pas mon avis – ce n’est pas comme s’il en avait besoin – mais il me disait exactement comment investir dans les valeurs de croissance, aujourd’hui, comment investir dans Snowflake, pourquoi il préférait telle action et pourquoi il fallait vraiment l’acheter après tel repli.
La valorisation totale de Snowflake est de 67 Mds$, ce qui est plutôt énorme, alors que son cours a reculé de l’ordre de 40% et que la société ne génère qu’un peu plus de 500 M$ de chiffre d’affaires par an.
Mais elle perd de l’argent tous les trimestres, sans exception. Certes, c’est un acteur du cloud, une entreprise populaire, et donc tout le monde veut y investir. Mais quand on regarde dans le détail comment opère cette société, cela fait un peu peur. Je sais qu’elle va se développer au fil du temps et que c’est un secteur populaire, mais il y a de vrais risques si tout le monde investit dans ce type d’entreprises.
Que se passera-t-il si quelqu’un se réveille un beau matin et se dit : « Une minute, pourquoi est-ce que l’on achète cette action à ce niveau de valorisation de 67 Mds$, alors que l’entreprise ne gagne pas d’argent et ne génère pas assez de chiffre d’affaires ? »
Si tout le monde commence alors à se débarrasser de ces actions populaires en même temps, cela peut produire un sell-off assez important.
Et Snowflake n’est qu’un exemple parmi énormément de valeurs de croissance sur lesquelles tout le monde s’est précipité et qui sont dangereuses.
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La rotation sectorielle s’est amorcée
Voici un graphique qui explique ce qui se passe actuellement sur les marchés.
Ce graphique montre simplement la différence entre les valeurs de croissance – des entreprises qui, de toute évidence, font progresser leurs bénéfices ou sont censées le faire – et les titres « value« , ces sociétés décotées qui sont généralement fiables, génèrent des bénéfices mais n’exaltent pas autant les marchés.
Mais ce que nous constatons, ces derniers mois – et surtout en ce printemps – c’est que les valeurs de croissance ont nettement chuté par rapport aux titres « value ».
Donc, vu sous cet angle, cela veut dire que les titres « value » s’en sortent bien mieux que les valeurs de croissance. Et cela ne fait probablement que commencer car, cela ne se voit pas sur ce graphique qui ne retrace que l’année écoulée, mais les valeurs de croissance ont surperformé les titres « value » pendant des années et des années.
Et nous avons vu le segment des valeurs de croissance intégrer de plus en plus de monde, avec de plus en plus d’acheteurs et des cours atteignant des niveaux absurdes – stupides, en quelque sorte – comparés à ce que réalisent vraiment les entreprises en question.
Alors dans un contexte de rotation sectorielle de Wall Street, ce mouvement pourrait vraiment s’accélérer, durer dans le temps – à l’échelle du nombre d’années où les valeurs de croissance ont surperformé les titres « value » – et susciter d’importants changements sur le marché.
Nous en parlons depuis un moment, alors j’espère que vous n’êtes pas surpris.
Mais nous voyons déjà certains signes tangibles apparaître et indiquer que le paysage boursier est en train de changer.
Alors aux yeux de ceux qui adorent les valeurs de croissance, je passe peut-être pour un vieux schnock ou un vétéran du trading qui n’est plus dans l’air du temps. Mais rappelez-vous simplement que les marchés changent, et que les tendances et les cycles finissent par s’achever, même si cela peut prendre des années.
Mais gagner de l’argent n’est en rien ennuyeux.
Si vous gagnez de l’argent grâce à des valeurs de croissance, c’est parfait.
Si vous gagnez de l’argent grâce à des titres « value », c’est parfait.
Gagner de l’argent n’a rien d’ennuyeux, quel que soit le secteur.
Peut-être vous dites-vous : « Zach, est-ce que vous nous dites qu’il faut sortir de ces valeurs de croissance ? Que revenus + croissance = richesse, ce n’est plus vrai ? »
Non, ce n’est pas cela du tout. Mais désormais, nous puiserons cette croissance dans d’autres secteurs, tout simplement.
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Pourquoi les titres « value » sont des aubaines ?
Pour être sûr que nous sommes sur la même longueur d’onde, un titre « value » est simplement une entreprise qui est décotée par rapport à ses bénéfices, ou aux bénéfices par action qu’elle génère.
Et en ce moment, énormément d’excellentes entreprises cotent selon un multiple de 8 ou 10 fois leurs bénéfices, ce qui est très faible.
C’est comme si on avait la possibilité d’acheter une voiture d’une valeur de 20 000 $ en dessous de son prix public conseillé.
C’est une aubaine.
Et cette aubaine vous offre la chance d’acheter d’excellentes entreprises à prix cassé et d’en retirer d’excellents dividendes.
Mais songez à ce qui se passerait, si l’un de ces titres « value » – cotant 10 fois ses bénéfices – se mettait à coter 15 fois ses bénéfices, dans le contexte d’une rotation sectorielle des valeurs de croissance vers les titres « value« .
Cela vous offrirait un rendement de 50% sur une action qui, disons-le, est peu exaltante. En revanche, ce rendement de 50% est tout ce qu’il y a de plus exaltant !
En outre, si l’on parle des meilleurs titres « values », ils feront encore progresser leurs bénéfices au fil du temps. Et donc, l’action cotera 15 fois des bénéfices qui augmentent, ce qui vous offre une croissance supérieure à 50%. Et si vous intégrez le fait que ces entreprises versent un dividende, cela vient s’ajouter à ces 50%.
Et n’oubliez pas : vous pouvez réinvestir ces dividendes dans de nouveaux titre de l’entreprise. À mesure que vous réinvestissez vos dividendes, vos actions progressent également, et cela s’accumule. Alors tout le scénario fondé sur croissance + revenus = richesse s’applique toujours.
Vous êtes toujours face à des types d’opportunités qui font fructifier votre argent et vous offrent également un excellent revenu.
Simplement, dans le contexte de marché actuel, cette croissance va provenir d’autres segments.
Et – sans se vanter – ce sera amusant, lorsque vous irez dans votre restaurant local, ou que vous boirez un verre avec vos amis et que vous serez en mesure de dire : « Oh ! Tu as été touché par la baisse des valeurs de croissance ? Désolé, mon ami. Je vais payer l’addition, ce soir, car mes titres ‘value’ flambent, en ce moment. »