Pourquoi dépensons-nous toujours plus chaque année en soins médicaux ?
Cette question est sans cesse sur les lèvres des politiciens, à Washington, et beaucoup d’entre eux voudraient bien que nous orientions nos ressources limitées vers d’autres priorités.
Il est vrai qu’actuellement, les seuls paiements effectués par Medicare [NDLR : couverture maladie américaine] totalisent 767 Mds$, aux États-Unis, et il est prévu qu’ils augmentent de plus de 7% par an à court terme.
Dans l’ensemble, les dépenses de santé ont progressé de 9,7% en 2020, aux États-Unis, et se sont élevées à 4 100 Mds$, soit 12 530 $ par personne (une partie de cette augmentation est liée au COVID-19).
Et même si les États-Unis dépensent bien plus en soins de santé par habitant que n’importe quel autre pays, l’augmentation des dépenses de santé est résolument un phénomène mondial.
Les dépenses de santé mondiales ont doublé au cours des vingt dernières années (même corrigées de l’inflation). Elles représentent plus de 8 500 Mds$, aujourd’hui, ou environ 10% du PIB mondial, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Certes, on déplore des inefficiences, de la fraude et du gaspillage au sein du système. Les prix de nombreux médicaments et traitements sont élevés. Et les soins préventifs, qui pourraient réduire considérablement les coûts, sont cruellement peu utilisés.
Mais la réponse fondamentale à la question que j’ai posée plus haut est simple. Nous dépensons plus en soins de santé chaque année parce que nous en voulons plus.
Et ce pour une bonne raison : les innovations médicales nous font vivre plus longtemps.
Selon Ronald Bailey and Marian L. Tupy, auteurs de Ten Global Trends Every Smart Person Should Know [NDLR : Dix tendances mondiales que toute personne intelligente devrait connaître, uniquement en anglais], voici les grandes tendances des cinquante dernières années, environ, sur le plan des soins de santé…
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- La mortalité est en recul : le taux de mortalité a diminué de 17,7 décès pour 1 000 personnes en 1960 à moins de 8 pour 1 000 aujourd’hui.
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- La mortalité infantile a plongé de 140 pour 1 000 naissances en 1950 à 25 pour 1 000, environ, en 2016.
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- Le nombre de femmes qui meurent lors d’un accouchement a chuté de plus de 44% depuis 1990.
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- Des vaccins efficaces ont prévenu au moins 10 millions de décès entre 2010 et 2015 seulement. Et les vaccins sont désormais développés à la vitesse de la lumière. Avant, il fallait des années ou des décennies pour les produire, mais aujourd’hui, le processus ne prend que quelques mois ou même quelques semaines. Un vaccin efficace contre le COVID-19 a été évalué dans les quatre mois suivant le début de la pandémie.
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- Les médicaments et technologies de santé modernes se sont attaqués à des maladies telles que le Sida, la tuberculose et la malaria, qui ravageaient les pays pauvres.
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- De meilleures technologies de dépistage, et des protocoles médicamenteux en perpétuelle amélioration, ont réduit de 0,7% par an les décès provoqués par le cancer, lesquels ont donc diminué de 17% depuis 1990.
Quand on considère toutes les façons dont nous « déjouons la mort », on comprend aisément pourquoi les dépenses de santé ne cesseront de s’accroître à partir de maintenant.
Le paysage de la santé est en train d’évoluer
En fait, l’innovation est solide et incessante dans le domaine de la santé. Qu’il s’agisse de géants pharmaceutiques comme Pfizer et Merck ou de petites startups qui ne génèrent pas encore de chiffre d’affaires ou des bénéfices, les sociétés développent des technologies de pointe afin de traiter, guérir ou éradiquer toutes sortes de maladies.
Ces innovations peuvent être futuristes – comme la chirurgie robotisée, l’intelligence artificielle, l’immunothérapie, l’ARN messager ou l’épissage génétique – ou plus terre-à-terre (mais tout aussi importantes) comme la télémédecine et les technologies de cloud permettant de stocker les dossiers médicaux.
Il convient également de noter que les pays à hauts revenus dépensent bien plus en soins de santé que les pays en voie de développement. En effet, une fois que les besoins essentiels tels que la nourriture, le logement et l’énergie sont couverts, les gens ont tendance à consacrer plus de ressources à leur santé.
Les pays riches souffrent également de « maladies de l’abondance », comme le diabète et les maladies cardiaques, dont le traitement est coûteux.
Par conséquent, chaque année les dépenses de santé représentent une part plus importante au sein des économies des pays riches. Aux États-Unis, l’ensemble des dépenses de santé – publiques et privées – a augmenté et représentait un cinquième de l’économie en 2021, contre moins d’un dixième en 1980. Et il est prévu que cette tendance persiste.
Donc, 80% des dépenses de santé mondiales proviennent des pays les plus riches. Cela explique également pourquoi la santé est l’un des secteurs les plus résistants à la récession, avec les services aux collectivités (utilities) et l’alimentation.
Que l’économie soit en plein essor ou en récession, ou quelque part entre les deux, les Américains et les habitants d’autres pays riches exigeront et recevront toujours l’attention médicale qu’ils souhaitent et dont ils ont besoin. La demande en faveur de services médicaux n’est pas inélastique (ou rigide).
Il existe toutes sortes de soins de santé, et de nouveaux traitements sont développés chaque année.
À mesure que la population vieillira et s’enrichira, la demande en faveur de ces traitements ne fera que s’accroître.
Alors la prochaine fois que quelqu’un vous dira que nous dépensons énormément en soins de santé, rappelez-lui que c’est en réalité une très bonne chose.