Lorsque j’étais enfant, l’un de mes dessins animés préférés, Sesame Street, avait pour protagonistes Bart et Ernest.
Dans une scène, Ernest casse un bocal de cookies et doit mettre les cookies dans un autre récipient. S’ensuit une réaction en chaîne où les cookies finissent dans le sucrier, le sucre dans la jardinière, la fleur de Bert dans la bouteille de lait… et ainsi de suite. Cette histoire a même donné naissance à une chanson.
Lorsque j’analyse les défis auxquels est confrontée l’économie mondiale à l’heure actuelle, je ne peux m’empêcher de penser à cette réaction en chaîne. Compte tenu des innombrables similitudes, on pourrait facilement parler d’un marché à la « Bart & Ernest ».
Mais si le dessin animé est humoristique, la façon dont les dominos s’effondrent sur les marchés n’a, en revanche, rien de marrant.
Heureusement, il existe de moyens de profiter de ces réactions insensées. Mais il faut savoir assembler les pièces du puzzle…
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Une réaction en chaîne particulièrement dangereuse…
L’économie mondiale redémarre après plus d’un an de confinements et de restrictions mis en place pour lutter contre la pandémie de coronavirus.
C’est une bonne chose pour les entreprises, les employés, les investisseurs et la quasi-totalité d’entre nous. Mais le redressement de l’économie n’est pas sans poser son lot de difficultés.
Nous assistons depuis peu à des pénuries de nombreux produits qui commencent à être vraiment problématiques pour l’économie.
Ces pénuries ont des répercussions préjudiciables et désagréables sur notre quotidien. Elles causent également des problèmes graves, qui peuvent se révéler vraiment dangereux, voire mortels. Il est donc important de prendre ces pénuries au sérieux et de trouver un moyen d’y remédier.
Pour cela, il faudra que les investisseurs, les acteurs de l’économie réelle et le gouvernement collaborent en bonne intelligence. En attendant, nous nous trouvons dans un environnement de marché où chaque problème semble en causer un autre en aval de la chaîne économique.
Regardons ça de plus près…
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Forte demande + offre limitée = l’inflation atteint de nouveaux sommets
L’un des principaux problèmes qui frappent notre économie est la pénurie de main-d’œuvre.
Lorsque la pandémie de coronavirus s’est abattue sur nous, les entreprises ont licencié des centaines de milliers d’employés. Avec les confinements successifs, les entreprises étaient condamnées à souffrir. Sans une baisse des salaires, ces entreprises auraient fait faillite.
Heureusement, le gouvernement a mis en place des programmes pour aider les entreprises à conserver leurs employés, notamment en finançant le chômage partiel ou technique.
Mais les aides de l’État et la peur d’attraper et de transmettre le virus ont engendré un changement démographique majeur. La main-d’œuvre s’est considérablement réduite après que de nombreux travailleurs ont décidé d’arrêter de travailler.
Par conséquent, les entreprises se livrent une concurrence féroce pour attirer des ressources humaines devenues rares. Le nombre de salariés quittant un travail pour en prendre un autre mieux payé s’est envolé. Grâce à ces salaires plus élevés, de nombreux ménages ont désormais plus d’argent à consacrer aux dépenses discrétionnaires.
C’est là que le marché à la « Bart & Ernest » commence à provoquer un effet boule de neige…
La tension du marché de l’emploi se traduit par une pénurie de personnel portuaire et une pénurie de chauffeurs routiers. Dans ce contexte, il est difficile d’acheminer les marchandises vers les magasins et les denrées alimentaires vers les restaurants.
Le b.a.-ba de l’économie nous dit qu’une contraction de l’offre entraîne une hausse des prix. La forte demande pousse également les prix à la hausse. Or, nous sommes actuellement confrontés à une offre limitée et à une forte demande. Il n’est donc pas surprenant que l’inflation flirte avec ses sommets historiques.
Intéressons-nous maintenant à une autre source d’inquiétude…
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Des dépenses énergétiques en forte hausse
La pandémie de coronavirus a causé un effondrement de la consommation de pétrole. Les sites de production ont fermé et les véhicules ont déserté les routes. Pour faire court, la consommation énergétique s’est effondrée.
Mais même avant la pandémie, les politiques environnementales compromettaient la pérennité des producteurs de pétrole. Ces derniers ont sous-investi dans la recherche et le développement de nouveaux gisements de pétrole.
La Chine a adopté des mesures visant à limiter l’accès aux réserves de charbon. Le charbon est le combustible le plus utilisé pour produire l’électricité dont la population chinoise a besoin.
En Europe et aux États-Unis, plusieurs projets de gazoducs ont été annulés. Or, sans ces gazoducs, certaines régions disposent d’un accès très limité à des ressources pourtant très importantes.
Nombre de ces mesures ont été mises en place avec des intentions louables. Mais les politiques visant à réduire les émissions de CO2 (sans prévoir une compensation à parts égales en énergies renouvelables) créent plus de problèmes qu’elles n’apportent de solutions.
Actuellement, les cours du pétrole flambent car nous n’avons pas assez investi dans le développement de nouveaux gisements.
La Chine est confrontée à une pénurie d’énergie car le pays ne dispose pas de charbon (ou de gaz naturel) en quantité suffisante pour produire de l’électricité.
Sans électricité, la Chine ne peut pas produire assez d’acier ou d’autres métaux industriels. Or, le reste du monde a désespérément besoin de ces métaux en provenance de Chine.
Cela fait des années que le prix du gaz naturel n’avait pas été aussi élevé. Et, à l’approche d’un hiver qui s’annonce rigoureux, les ménages européens et américains pourraient être dans l’incapacité de se chauffer.
On dirait l’effet papillon. Chaque nouvelle décision engendre un nouveau problème. Et comme dans l’histoire de Bart & Ernest, chaque solution crée un nouveau problème.
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Des obligations de moins en moins rentables
Les pénuries poussent les prix à la hausse. C’est une loi de l’économie.
La hausse des prix se fait sentir à la pompe, au niveau des loyers, des prix des voitures et autres. Et la hausse des salaires n’aide en rien les retraités qui perçoivent des revenus fixes.
Pire encore, l’accélération de l’inflation va pousser les taux d’intérêt à la hausse. Les taux d’intérêt ont déjà commencé à augmenter et les analystes pensent que la Fed rehaussera ses taux à deux reprises en 2022.
Cela pénalisera les épargnants qui ont investi dans des bons du Trésor. C’est le comble de l’ironie puisque les bons du Trésor sont censés être des investissements sûrs – c’était d’ailleurs le sujet principal de mon article de vendredi.
La hausse des taux d’intérêt fait baisser la valeur des obligations. La valeur des obligations à long terme peut littéralement s’effondrer.
De nombreux conseillers financiers vous diront de ne pas vous inquiéter. Les obligations finiront par arriver à échéance et vous récupèrerez votre argent.
Mais si vous détenez une obligation à 10 ans, vous devez prendre en compte l’inflation. Certes, le gouvernement rembourse toujours. Mais en attendant, la valeur de votre argent s’érode. Et vous passerez à côté d’autres opportunités plus rémunératrices.
Et en cas d’urgence financière, vous serez peut-être obligé de vendre vos obligations à moindre prix. La hausse des taux d’intérêt implique donc des risques, quand bien même vous avez l’intention de conserver vos obligations jusqu’à l’échéance.
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Profitez d’un marché à la « Bart & Ernest » !
Heureusement, il existe des opportunités dans les conditions de marché actuelles.
Le capitalisme règle les problèmes avec beaucoup de créativité. Dans la plupart des cas, ceux qui créent des solutions le font car cela leur permet de gagner de l’argent.
La hausse des prix pousse les entreprises à produire. L’augmentation de l’offre pousse mécaniquement les prix à la baisse.
Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs que nous sommes ?
Actuellement, les investisseurs peuvent acheter des actions d’entreprises qui profitent de la hausse des prix. Ces entreprises contribuent ensuite à atténuer les pénuries.
Parmi ces entreprises, figurent :
- les entreprises de transport et de logistique ;
- les producteurs et raffineurs de pétrole et de gaz ;
- les entreprises qui produisent des matériaux et des ressources naturelles ;
- il y a même certaines entreprises technologiques qui contribuent à résorber les goulots d’étranglement et les pénuries.
En tant qu’investisseurs, il ne tient qu’à nous de trier le grain de l’ivraie. En investissant dans les entreprises qui fournissent des solutions à nos problèmes, nous contribuons à la solution.
Je ferai tout mon possible pour vous aider à identifier ces opportunités. Il me tarde de savoir ce que donneront vos investissements en la matière !
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