Vous avez très probablement déjà entendu parler de Bernard Madoff, à l’origine de la plus grande pyramide de Ponzi de l’histoire. Madoff est décédé en prison en avril 2021, à l’âge de 82 ans, après avoir été condamné à la réclusion à perpétuité pour avoir mis en place ce système de Ponzi.
Il a plaidé coupable lorsqu’il a été accusé d’avoir escroqué la somme de 65 milliards de dollars à des investisseurs et d’avoir anéanti les investissements, l’épargne de toute une vie, les plans retraites, les espoirs et les rêves d’un grand nombre de personnes.
En s’enrichissant énormément, il a détruit la vie de ses clients.
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Savez-vous vraiment ce qu’est un système de Ponzi ?
Même si la plupart des gens ont entendu parler de Madoff, seules quelques personnes savent vraiment ce qu’est un système de Ponzi.
Et c’est un gros problème… À cause de ce manque d’éducation financière, des millions de personnes se font dépouiller via des pyramides de Ponzi légales et illégales.
Autrement dit, même si les gens sont désolés pour les victimes de Madoff ou se moquent de ces riches qui ont perdu leur argent, bon nombre d’entre eux ne se rendent pas compte qu’ils se font escroquer de la même façon.
Voici brièvement l’histoire de ces montages pyramidaux qui tiennent leur nom de Charles Ponzi (1882-1949), un Italien ayant émigré aux États-Unis.
Charles Ponzi a mis au point son système à Boston, au cours de la période suivant la première guerre mondiale. Son stratagème reposait sur les « International Postal Reply Coupons » (coupon-réponse international), permettant de prépayer des timbres postes.
En raison d’une bizarrerie du taux de change, le coupon de Ponzi – acheté à bas prix à l’étranger – pouvait être encaissé à un prix plus élevé aux États-Unis.
Ponzi a raconté aux investisseurs qu’ils pouvaient doubler leur mise en achetant et en revendant les coupons. Et cela a fonctionné… au début.
L’argent a afflué, Ponzi a distribué des profits importants, et donc ENCORE PLUS d’argent a afflué, versé par les investisseurs, jusqu’à atteindre un million de dollars par semaine (et il s’agit de dollars de 1920).
Mais lorsqu’un quotidien a révélé qu’il n’y avait pas assez de coupons, dans le monde entier, à l’appui du montage de Ponzi, son escroquerie a éclaté au grand jour.
Il n’avait pas du tout investi dans des coupons : il se contentait de verser aux premiers investisseurs une partie de l’argent déposé par les nouveaux arrivés.
Un grand nombre de ses clients ont fait faillite, et Ponzi est allé en prison.
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Quelques exemples de pyramides de Ponzi LÉGALES…
Beaucoup de gens pensent que les systèmes de Ponzi sont des entreprises illégales élaborées par des personnages douteux. Mais, en réalité, tous les systèmes de Ponzi ne sont pas illégaux.
En fait, certains des plus grands systèmes de Ponzi – encore plus vastes que celui de Madoff – sont non seulement légaux, mais aussi soutenus par les gouvernements.
Comme le dit ce vieux dicton : « Ceux qui ont l’argent font les lois ».
Alors observons certains des plus vastes systèmes de Ponzi existants.
1. La Sécurité Sociale
Pour que la Sécurité Sociale fonctionne, on prélève de l’argent aux jeunes, au sein de la population, pour le verser aux personnes âgées. Le problème, c’est que la Sécurité Sociale devrait faire faillite – comme tous les systèmes de Ponzi – quelque part aux alentours de 2040 (selon mes estimations).
Voilà pourquoi la plupart des jeunes pensent avoir plus de chances de voir débarquer des extraterrestres que de percevoir un jour des versements de la Sécurité Sociale.
2. Le marché actions
La raison pour laquelle un si grand nombre d’investisseurs pensent qu’investir est risqué est la suivante : ils savent que l’on peut leur couper l’herbe sous le pied en une fraction de seconde.
La plupart de ceux qui ont investi très tôt dans une action attendent que le cours du titre grimpe sous l’impulsion des nouveaux investisseurs avant d’encaisser leurs gains et de fuir.
Avec les algorithmes et le trading haute fréquence d’aujourd’hui, le marché actions relève encore plus du système de Ponzi. Le trading haute fréquence fait intervenir de gigantesques firmes d’investissement, disposant de capitaux permettant d’acheter et de faire tourner des ordinateurs coûtant des millions de dollars et capables de réaliser des milliers de trades à la minute, en pariant contre de malheureux investisseurs amateurs qui font du day trading alors que les grandes firmes réalisent leurs trades en une microseconde.
La plupart des investisseurs en quête de gains financiers, ceux qui parient sur la hausse de quelque chose – une action, un bien, de l’or ou des œuvres de collection –participent tous à un système de Ponzi. Ceux qui investissent en premier sont gagnants et ce qui arrivent en dernier sont perdants.
Cela devient particulièrement gênant quand on se rend compte que la plupart des gens sont contraints d’investir dans un plan épargne retraite par capitalisation (401k), aux États-Unis.
Je pense que le marché actions va s’effondrer car il n’est soutenu que par les capitaux de ces plans retraites 401k. Lorsque toute une génération partira à la retraite et retirera cet argent, il n’y aura pas assez de jeunes générations pour remplacer ces capitaux.
3. Les impôts
On nous prend notre argent, à vous et à moi, pour le donner aux amis et aux familles des technocrates et des politiciens. Le problème, avec les impôts, c’est que l’on prend cet argent aux gens efficaces pour qu’il soit géré par des gens inefficaces.
4. Les plans retraites
La plupart des plans retraites s’apparentent à des systèmes pyramidaux légaux. Ils dépendent des jeunes travailleurs qui payent pour ceux qui ont pris leur retraite.
L’une des raisons expliquant pourquoi tant de plans retraites sont en difficulté est la suivante : ils sont sous-financés. Cela veut dire que si – soudain – de nouveaux travailleurs ne contribuent pas au système, ou le marché ne grimpe pas de 20% par an, les personnes âgées sont « cuites ».
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Le marketing de réseau (ou vente multiniveaux) n’est pas un système de Ponzi
De mon point de vue, la plupart des entreprises traditionnelles telles qu’IBM sont les véritables systèmes pyramidaux.
Lorsque l’on imagine une pyramide, on visualise un maximum de gens en bas et une seule personne tout en haut. Dans une entreprise, cette personne, c’est le PDG, habituellement. Une seule personne peut parvenir tout en haut.
L’ascension vers le sommet de l’entreprise – où une seule place est disponible – est sans pitié, avec des gagnants et des perdants et du « chacun pour soi ».
Le marketing de réseau, c’est tout l’opposé. Il s’agit d’une pyramide inversée dont le sommet est en bas et la base est en haut. Toute l’entreprise est conçue pour qu’un maximum de gens parviennent tout en haut.
Contrairement à ce « chacun pour soi » et aux couteaux plantés dans le dos pour parvenir au sommet, une entreprise spécialisée dans le marketing de réseau ne fonctionne que si vous aidez les autres à accéder au sommet.
Malheureusement, beaucoup de gens abandonnent bien avant d’avoir atteint le sommet.
Après avoir abandonné, ils reviennent au véritable système pyramidal, à leur emploi quotidien, souvent à la base de la pyramide, et regardent de tout en bas celui qui est parvenu tout en haut.
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Mon expérience personnelle avec les systèmes de Ponzi
J’étais âgé d’une vingtaine d’années lorsque j’ai été confronté pour la première fois à une véritable escroquerie (un montage de Ponzi illégal).
Un ami m’a invité à une « soirée » à laquelle on m’a demandé d’apporter 1 000 dollars. Et comme un idiot, je l’ai fait. Dans l’heure, j’ai remis mes 1 000 dollars – ce qui représentait beaucoup d’argent à l’époque – à l’organisateur de cette « soirée ».
On m’a dit que je pourrais gagner 50 000 dollars si j’amenais 16 autres personnes apportant chacune 1 000 dollars à cette « soirée ».
Si quelqu’un n’arrivait pas à amener 16 personnes de plus, la pyramide s’effondrait. Inutile de le dire : la pyramide s’est effondrée et quelqu’un a empoché mes 1 000 dollars. Dieu merci, je n’ai jamais amené quelqu’un d’autre à la « soirée ».
J’aimerais pouvoir dire que j’avais retenu la leçon, mais cela n’a pas été le cas.
Alors que j’avais une quarantaine d’année, j’ai rencontré un gérant de « hedge fund« , un soi-disant « golden boy« . Il était particulièrement doué. Là encore, un ami crédule m’en a parlé et m’a invité à une « soirée » pour le rencontrer. Les gens participant à la soirée étaient riches, intelligents et ils avaient réussi. Ils étaient enthousiastes à l’idée des rendements que ce « golden boy » obtenait.
Comme j’étais devenu plus malin et plus avisé, je ne me suis pas jeté à l’eau tout de suite. Au contraire, j’ai fait mon « audit », en me rendant notamment en Floride pour visiter le siège social et rencontrer son équipe. Son siège et le personnel étaient sensationnels.
Au cours de leur présentation, ils nous ont montré, à Kim et à moi, leur « panthéon » : des photos avec des célébrités, des éloges provenant d’organisations caritatives et des prix décernés par des politiciens. Ils ont également mis l’accent sur leur foi chrétienne et leur dévotion à Jésus.
La seule chose qui m’a gêné s’est produite ce soir-là, au cours du dîner. Les hommes buvaient beaucoup, et ils n’étaient pas accompagnés de leurs épouses, mais plutôt de leurs jeunes et jolies assistantes. Lorsqu’ils ont été ivres morts, ils ont commencé à beugler des obscénités.
Leur comportement était grossier, embarrassant et a contraint certains clients à quitter le restaurant.
Malgré nos doutes concernant leurs valeurs chrétiennes, Kim et moi avons décidé de leur accorder le bénéfice du doute et de nous lancer avec l’investissement minimum qui était fixé à 50 000 dollars.
Et des enveloppes ont commencé à arriver avec ponctualité, en affichant des rendements impressionnants… sur le papier. Au bout de six mois, Kim et moi avons commencé à envisager d’augmenter notre investissement pour le faire passer à 100 000 dollars.
Grâce au ciel, nous ne l’avons pas fait.
Quelques jours plus tard, alors que je passais devant un kiosque à journaux, j’ai vu notre « golden boy » à la une de Barron’s. Il était allongé sur un transat, sur une plage, sous un parasol, avec ce gros titre : « Est-ce que vous confieriez votre argent à cet homme ? »
Et oui, nous l’avions fait.
Cela a pris quelques années, mais nous avons fini par récupérer 28 000 dollars, environ, sur les 50 000 dollars que nous lui avions confiés.
J’ai un profond respect pour la SEC, la Securities and Exchange Commission (autorité des marchés financiers, aux États-Unis). Bien qu’elle ne puisse vous empêcher de vous faire escroquer, elle fait tout ce qu’elle peut pour poursuivre les escrocs.
J’adorerais vous dire que c’est la dernière fois que je me suis fait escroquer, mais… tout ce que je peux dire, c’est que la plupart des escrocs – à l’image de Ponzi, de Madoff ou de ce « golden boy » – étaient très convaincants, intelligents et charmants. Ils ont réussi car ils ont pu escroquer des gens par ailleurs plutôt intelligents.
Ils ont des amis qui croient en eux et vous encouragent à les croire. Ils doivent être convaincants, sinon leur système de Ponzi ne fonctionnerait jamais, dès le départ.
Alors réfléchissez bien et posez-vous cette question : « Est-ce que je participe à un système de Ponzi ? »