S’il y a bien quelque chose qu’il vous faut, pour réussir en tant qu’investisseur, ce sont des informations exactes.
Malheureusement, elles ne sont pas toujours faciles à obtenir.
Les banques d’investissement et les sociétés de courtage, par exemple, peuvent avoir certains conflits d’intérêt. Elles prétendent offrir des analyses « non biaisées » sur des sociétés cotées en Bourse, tout en proposant à ces mêmes entreprises de gérer leurs ventes d’actions et d’obligations.
Si vous vous êtes déjà demandé pourquoi les recommandations « Vendre » étaient rares, à Wall Street, vous en connaissez désormais la raison. (Pour éviter d’offenser certains clients potentiels, la pire note que les banques d’investissements attribuent généralement à une action est la mention « underperform » (le titre sous-performe), une note en demi-teinte et peu exploitable.)
En général, on peut obtenir des informations fiables auprès de Reuters, Bloomberg et de journaux corrects tels que le Wall Street Journal. Mais les médias grand public manquent souvent de recul. De plus, certains faits peuvent être montés en épingle, sortis de leur contexte ou bien erronés.
Quand les médias ne sont pas à la hauteur, les réseaux sociaux deviennent un cloaque où des millions d’utilisateurs virulents, irresponsables et souvent anonymes essaient d’attirer l’attention à grand renfort de messages ouvertement erronés, trompeurs ou très exagérés.
Résultat ? Les gens ont un regard bien pire sur eux-mêmes et le monde dans lequel ils vivent qu’ils ne le devraient. Beaucoup d’entre eux se mettent en colère, en fait, en entendant la vérité.
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Un scénario dystopique dénué de faits
En 2016, par exemple, le président Barack Obama a prononcé un discours, dans lequel il disait :
Nous avons la chance de vivre dans la période la plus pacifique, prospère et progressiste de l’histoire de l’humanité… Des décennies se sont écoulées depuis la dernière guerre entre grandes puissances. Plus de monde vit en démocratie. Nous sommes plus riches et en meilleure santé, mieux éduqués, et notre économie mondialisée a sorti plus d’un milliard de personnes de l’extrême pauvreté, et créé de nouvelles classes moyennes des Amériques jusqu’en Afrique et en Asie… Si vous deviez choisir l’époque à laquelle vous seriez né, de toute l’histoire de l’humanité et sans connaître à l’avance votre nationalité ou votre genre, ni votre situation économique, vous choisiriez aujourd’hui.
Cette déclaration n’aurait dû susciter aucune controverse, dans la mesure où les faits n’autorisent pas d’autre conclusion.
Pourtant, certains lui ont reproché – y compris dans son propre parti – de porter un regard trop optimiste sur le monde.
Comparez ce message optimiste d’Obama à ceux de politiciens d’aujourd’hui, comme les sénateurs Bernie Sanders et Elizabeth Warren, qui signalent régulièrement que les banques, les grandes entreprises et les « millionnaires et milliardaires » ont brisé le système, truqué l’économie et nous ont volés jusqu’au dernier sou. C’est un discours dénué de faits, qui trouve tout de même un écho chez des millions d’Américains assaillis d’espoirs déçus, de jalousies et de rancœurs.
Ce message n’est pas seulement déresponsabilisant – il est grossièrement inexact.
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La classe moyenne stagne-t-elle vraiment ?
Aujourd’hui, les Américains lambda ont un niveau de vie largement plus élevé qu’il y a 40 ans, période à laquelle personne ne possédait – pour ne citer que ces exemples – un PC, un smartphone, un GPS, l’Internet haut débit, des services de streaming de musique et de films, une télévision ultra haute définition, FaceTime ou la livraison de colis sous 24 heures.
Il est vrai que la pandémie – et la crise économique et sanitaire – nous a frappés sans crier gare. Mais l’idée répandue selon laquelle notre qualité de vie stagnerait ou déclinerait depuis des années est inexacte – et on peut le prouver – mais également absurde.
Nos maisons n’ont jamais été aussi grandes. Le niveau d’éducation n’a jamais été aussi élevé. Nous n’avons jamais eu autant de loisirs.
Des millions d’Américains ont des animaux de compagnie qui bénéficient d’un meilleur accès aux soins de santé que des milliards d’êtres humains sur Terre.
Aujourd’hui, beaucoup d’Américains se plaignent que « la démocratie est morte », alors qu’ils ne courent aucun risque de perdre le droit de s’exprimer, d’écrire, d’avoir une religion, de se rassembler, de s’organiser ou de voter comme il leur plaît.
En 1983, le patrimoine net moyen d’un foyer américain s’élevait à 52 000 $. Dès 1997, il était de 97 300 $. Aujourd’hui, il s’élève à 121 700 $.
Est-ce que cela reflète une stagnation de la classe moyenne ?
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Ne vous fiez pas aux oiseaux de mauvaise augure
L’économie accélère au rythme le plus rapide jamais enregistré depuis plus de trente ans.
Les profits des entreprises ont augmenté de plus de 70%, rien qu’au deuxième trimestre 2021. Et l’augmentation du nombre de personnes vaccinées – ainsi que les dizaines de millions de personnes ayant une immunité naturelle – devrait améliorer la situation.
Mais sur les réseaux sociaux, nous vivons dans un monde dystopique et à une époque effroyable. On peut difficilement être dans cet état d’esprit et réussir en tant qu’investisseur.
Après tout, si vous allez risquer sur des marchés volatils et imprévisibles vos économies durement gagnées, vous devez avoir la conviction profonde que – malgré les nombreux contretemps et difficultés – les perspectives à long terme restent encourageantes.
La bonne nouvelle, c’est que grâce aux progrès scientifiques, aux innovations technologiques, aux institutions démocratiques et aux marchés financiers, elles le restent. Et la mauvaise nouvelle, c’est que sur les réseaux sociaux, on ne le dirait vraiment pas.
Nous sommes au beau milieu de ce que le psychologue de Harvard, Steven Pinker, qualifie de « Longue Paix », et l’économiste Deirdre McCloskey de « grand enrichissement », une période de paix et de prospérité inédites.
Ce contexte crée d’énormes opportunités d’investissement.
Toutefois, vous ne pouvez capitaliser là-dessus, en tant qu’investisseurs, que si vous disposez des bonnes informations.
Alors écoutez davantage les voix rationnelles. Et n’écoutez pas les oiseaux de mauvais augure.